Notre méthode pour progresser … ou pas !

L’escalade est un sport exigeant, et le système de cotations, avec ses chiffres et ses lettres, peut insidieusement instaurer un esprit de compétition et une recherche constante de la performance. Souvent, en salle comme en falaise, fusent les conseils pour se dépasser, pour « passer au niveau supérieur ». Et si on prenait le contre-pied de cette course à la « note » ? Et si l’escalade restait avant tout une source de plaisir, une exploration de soi et de la verticalité ? Cet article vous invite à repenser votre pratique et à privilégier une approche durable, centrée sur le plaisir et l’écoute de son corps.

Le piège de la cotation : quand le chiffre occulte le plaisir

Le système de cotation des voies d’escalade, s’il est utile pour évaluer la difficulté, peut devenir une source de pression inutile. La grande majorité des grimpeurs évolue entre le 4 et le 6a. Il est tentant de comparer sa « performance » à celle des autres, de se fixer des objectifs chiffrés, de voir la cotation comme une note d’examen. On grimpe alors pour « réussir » une voie, pour « valider » un niveau, et non plus pour le plaisir du mouvement, la beauté du rocher, le partage avec ses partenaires.

Grimper en tête au-dessus de son niveau ? Une fausse bonne idée

Certains conseillent de se « tester » systématiquement en tête dans des voies au-dessus de son niveau. Pour nous, c’est une pratique contre-productive, voire dangereuse. Le risque ? Développer la peur de la chute, se blesser, et surtout, ressentir de la frustration, voire un sentiment d’échec. L’escalade doit rester un plaisir, pas une source d’auto-dévalorisation. Si la recherche de la performance et le dépassement de soi motivent certains, il est important de respecter son propre rythme et ses propres envies. On peut se challenger régulièrement en moulinette, mais il est important de partir en tête au-dessus de son niveau quand on se sent prêt.

Notre philosophie : découvrir un maximum de voies variées et prendre du plaisir avant tout

Après nous être mis à l’escalade sur le tard, avec des possibilités d’entraînement limitées et des contraintes physiques, nous avons fait le choix d’une progression lente, mais constante, en privilégiant toujours le plaisir. Notre objectif ? Atteindre un niveau nous permettant de découvrir un maximum de voies variées en falaise et en grande voie, en nous sentant à l’aise et en sécurité. Non pas pour la « performance » du chiffre, mais pour la richesse des expériences et la beauté des paysages que cela nous permet de découvrir. Pour nous, ce qui compte, c’est de prendre du plaisir dans le plus de voies possible, pas de réussir à tout prix la voie la plus dure.

Notre méthode : 5 principes pour une escalade durable et épanouissante

Voici les principes qui guident notre pratique et qui, nous l’espérons, pourront vous inspirer :

  1. S’autoriser à ne pas progresser : Il n’y a aucune honte à stagner, à se faire plaisir dans un niveau qui nous convient. Nous prenons beaucoup de plaisir à grimper dans le niveau 5, en particulier en falaise, où la beauté de l’environnement et la grimpe sur rocher se suffisent à elles-mêmes. En salle, il est plus ludique de varier les plaisirs, mais nous nous accordons régulièrement des séances « tranquilles », en moulinette, selon notre humeur et nos contraintes personnelles. On ne recherche pas la « performance » mais plutôt le plaisir de l’activité.
  2. Grimper beaucoup et varié : Peu importe la cotation, l’important est de grimper régulièrement, sur des profils variés (dalle, vertical, dévers), en salle et en falaise. Ce volume, associé au plaisir, est le meilleur des entraînements.
  3. « Kiffer » avant tout : Gardez toujours à l’esprit que l’escalade est d’abord une source de plaisir, pas une compétition. Combien de grimpeurs se retrouvent frustrés ou apeurés dans des voies trop dures pour eux ? Profiter de l’instant présent, admirer le paysage, partager avec ses partenaires : voilà ce qui rend l’escalade si enrichissante.
  4. Travailler en moulinette : Grimpez en tête dans votre niveau « confort » (celui où vous vous sentez à l’aise et en sécurité), et explorez des voies plus difficiles en moulinette. Cela permet de se familiariser avec de nouveaux mouvements, de nouvelles préhensions, sans le stress de la chute. Par exemple, un grimpeur à l’aise en 5a en tête peut travailler des voies en 5b ou 5c en moulinette. L’entrainement est important et peut servir le maintient d’un niveau autant que la progression.
  5. Respecter son rythme : L’escalade sollicite des muscles spécifiques, notamment au niveau des avant-bras. La progression se fait naturellement, au fur et à mesure que le corps s’adapte. Nous avons souvent constaté que nous progressions sans nous en rendre compte, simplement parce que nos muscles étaient prêts. Nos mains par exemple, étaient devenues capables de tenir une prise plus petite suffisamment longtemps pour que nous puissions clipper nos dégaines sans stress. N’en déplaise à certains forts grimpeurs, non tout n’est pas dans la tête !

Trouver son propre équilibre

Chaque grimpeur est différent. Certains aiment la compétition, d’autres la recherche de la difficulté, d’autres encore la simple contemplation. L’important est de trouver son propre équilibre, sa propre source de motivation, sans se laisser dicter sa pratique par les autres ou par une norme. Nous concernant, nous avons trouvé le notre : un niveau qui augmente doucement, au fil du temps, en même temps que nos muscles se renforcent, sans jamais se forcer et toujours avec plaisir.

L’escalade est une activité riche et passionnante, qui peut apporter beaucoup de satisfaction, à condition de l’aborder avec le bon état d’esprit. En privilégiant le plaisir, l’écoute de son corps et une progression respectueuse de son rythme, vous vous assurez une pratique durable et épanouissante. Alors, oubliez la pression de la cotation, et profitez de chaque instant sur le rocher !

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